vendredi 11 décembre 2020

La religion, un mal nécessaire ?

Avant propos après le vrai avant-propos


Cet article est très, très en dessous de ce que j’avais ambitionné au départ, j’ai juste pris conscience que non seulement ce que j’avais prévu pourrais presque constituer un essai, mais en plus que le travail de documentation associé est abyssalement plus colossale que ce que j’avais anticipé. Mais plutôt que d’abandonner complètement, comme vous saviez maintenant que je travaille dessus, que vous vous attendez à sa sortie et que je me suis engagé sur des délais irréalistes, je préfère vous livrer cette version «exploratoire» plutôt que de ne rien faire du tout. Si un coup de folie me prend dans les semaines, mois, ou années à venir, j’en ferais peut-être la version que j’avais imaginée, ou plus probablement, vu la matière qu’il y a derrière, quelque chose de plus attirant sur la forme comme une conférence (ou folie supplémentaire, une série de vidéos YouTube ?).



 La religion en déclin ?


On entend souvent dire que la religion est en déclin dans le monde…Mais est-ce vraiment le cas ? J’avais mis la mains il y a quelques années sur le rapport d’un expert dans le domaine, mais ce dernier faisant partie d’une grande organisation humaniste, son rapport était beaucoup trop optimiste à mes yeux. Pourtant, c’est d’une logique implacable : le fait que les jeunes sont de moins en moins «croyant» entretien cette logique de déclin de la religion. Et j’ai vérifié, ce n’est pas qu’une impression, c’est le résultat de l’étude d’une institution reconnue dans le domaine, à savoir le Pew Research Center. Ce déclin va encore plus vite lorsque l’on regarde en particulier les descendants de personnes immigrées, et c’est là que l’on entre dans la case des «bémols» face à ce constat. Je ne retrouve plus l’article en question, mais ce que j’ai compris en le lisant, c’est qu’il s’appuyait sur cet autre rapport,  plus récent, qui dit exactement le contraire.


Voir aussi Religions et démographie en France Des évolutions contrastées d’Alfred Dittgen.


Bref, si vous aussi vous aviez une vision d’un futur sans religion, bah disons ce n’est pas pour tout de suite.



Toustes croyant·e·s.


Mais d’ailleurs, est-ce raisonnable d’aspirer à un monde sans religion ? Je vois deux raisons de modérer vos attentes à ce sujet. 


Tout d’abord, l’envie d’imaginer un monde sans religion semble entretenir un lien très fort avec le souhait d’envisager un monde futur débarrassé de toute croyances. Ce qui est impossible. Mais complètement impossible, pas juste un peu. Nous fonctionnons complètement à partir de croyances, ne serait-ce déjà dans notre vie quotidienne. Au départ, j’avais une autre approche en tête pour le paragraphe à venir. Mais creuser les sources pour cette approches m’aurait demandé trop de temps pour tenir mes délais. Aussi je vais prendre une approche un chouia moins pertinente mais qui éclaire bien le sujet : la croyance est notre seul mode de connaissance vu que la Vérité est inaccessible. Dans notre quotidien par exemple nous basons sur des croyances empiriques. le fait de traverser au feu rouge ou en dehors des clous parce que l’on croit que l’on ne va pas se faire renverser, on ne le sait pas comme le montre une bonne partie des centaines de piétons qui meurent chaque année.

De manière générale, toutes les connaissances que l’on pense avoir sur le monde sont des croyances. D’une part car il est impossible d’avoir un accès direct au monde, nous interagissons avec ce dernier par nos sens ou des outils, et d’autre part car les connaissances [nouvelles…ou pas] que l’on construit sur le monde s’appuient sur un corpus de savoir que nous n’avons pas les moyens (temps, ressources, ou même simplement motivation) de vérifier «directement». En poussant le raisonnement jusqu’au bout, même la science dont les résultats et les applications semblent constituer une preuve indiscutable de sa véracité montre ses limites pour écarter des scénarios que l’on jugerait complètement fous sur la réalité du monde. 


Après peut-être que l’espoir est de se débarrasser des croyances irrationnelles. Dans l’exemple précédent, un piéton français aura dans le pire des cas une chance sur un million de subir un accident. Sans rentrer dans le débat de savoir si cela reste une probabilité élevée compte-tenu de la valeur de la vie, je pense que l’espoir se porte plutôt sur la fin des croyances irrationnelles. Après tout, l’éducation a fortement progressé dans le monde, y compris dans les pays en développement, ces derniers ayant au passage souvent un taux de religiosité plus élevé que les pays dits «riches»

Là aussi il y a plusieurs éléments qui nous obligent à modérer nos attentes. Déjà, ces croyances irrationnelles n’ont jamais disparu……..Je suis même tenté de penser que les pensées irrationnelles ont tendances à progresser dans les contextes économiques et/ou sanitaires difficiles (et vu que nous somme en plein dedans pour l’un ou pour l’autre...).

Plus étonnant encore, beaucoup de ces croyances et pratiques (médecine traditionnelle chinoise, et même terre plate) sont en fait des croyances récentes ! Pour la terre plate, le sujet est un peu compliqué…mais vraiment passionnant ! L’histoire d’une «bonne idée» qui a mal tournée, j’ai envie de prendre le temps de vous raconter cela un jour. Pour ce qu’il faut savoir pour le moment, c’est que le mouvement platiste actuel date de la fin du XIXème siècle.


Sélection naturelle (point de vue des croyant·e·s)


Avant d’entrer dans le magnifique cas des conditions particulières offertes par la pandémie, on peut se poser une question toute simple : pourquoi ne se dirige-ton pas vers moins de religion, vu que celle-ci ne semble plus adaptée au monde d’aujourd’hui, voire semble être un fardeau ? Si l’on adopte une lecture évolutionniste, on pourrait se dire en effet que la religion nuit à notre «fitness».


Les exemples et illustrations ne manquent pas, mais pour des raisons pratiques, je garde l’exhaustivité ou même la représentativité pour plus tard, et me limite aujourd’hui à un exemple qui m’est littéralement tombé sous la main. Pour cet exemple dans l’exemple, on va parler des liens qu’entretien les communautés croyantes avec d’autres communauté sous-tendues par des croyances irrationnelles. Comme on est dans le chapitre «Sélection naturelle» (et pas «une porte ouverte sur bien pire» ou quelque chose dans le genre*), je donne ici l’exemple où c’est la commuante religieuse qui est victime d’abus. Un exemple bien connu est celui des MLM, qui au États-Unis propose un discours de recrutement très adapté aux communauté catholique


À l’image de celui qui sévit particulièrement en ce moment, nous sommes toustes très sensibles à de nombreux pathogènes, certains d’entre eux très mortelle à l’échelle de la population. Pourtant, nous sommes toujours là. Et bien la religion, j’ai envie de dire que c’est pareil. Peut-être que cela nuit à notre société, mais clairement, pas suffisamment pour qu’elle est entièrement raison de nous ou qu’il nous soit nécessaire de s’en débarrasser complètement. D’ailleurs, c’est oublier que la religion a longtemps joué un rôle [plutôt ?] positif dans le développement des civilisations (désolé la source n’est pas terrible en terme de pertinence, mais l’idée est bien là), et qu’elle continue de jouer ponctuellement ce rôle, en créant un sentiment d’appartenance à une communauté voire en étant le contexte d’action d’ONG comme le secours catholique pour ne citer que cet exemple. On peut laisser de côté les considérations marginales (car profitant à peu de gens) comme le pouvoir qu’elle donne aux autorités religieuses ou même le bonheur et le bien être perçu par les membres de branches sectaires.


Globalement je considère que la balance actuelle reste largement négative. Mais cette question a partiellement été traitée (et ce, bien mieux que je n’aurais pu le faire) par Drew McCoy. S’ils semblent d’accord pour considérer la religion commue une entité culturelle à la fois autonome et très encrée culturellement, les expert·e·s sont comme moi d’accord sur le fait qu’elle est loin de ne présenter que des avantages, voire même qu’elle soit une nuisance nette aujourd’hui.


Exemple de la pandémie actuelle


En ce début d’année, les autorités et communautés religieuses se sont montrées particulièrement mauvaises élèves en ce qui concerne la limitation de la propagation de l’épidémie. Même si à part cette exception récente les lieux de cultes français ne semble pas avoir avoir été des lieux majeurs de contaminations, il ne faut pas oublier qu’avec les minables moyens dont on dispose (pour une puissance mondiale de ce rang) ne permettent pas non plus d’établir des clusters dans les transports en commun 


Partons malgré tout du principe que la France a été bonne élève sur ce point. Quoiqu’on pense de l’affaire du Grand Est, ce n’est pas un cas isolé, comme en témoigne une situation similaire en Corée du Sud. Si les conséquences de cette affaire sont déjà catastrophiques en soi, les propos du leader de cette église montre à quel point ce type est recommandable.


Un mots sur les «religions officielles» avant de regarder les méfaits d’autres mouvements religions qui se sont montrées bien pires en ces temps de pandémie. En Italie, le pape a poussé au maintien des communions religieuses, avec le déplacement des prêtes au domicile des fidèles, confinement oblige. Si l’on en croit le peu d’infos qu’a laissé filtré l’église du côté de ses prêtes, ce n’est pas glorieux. Loin de là


Et dire que cela s’est fait avec une certaine volonté de se plier aux mesures sanitaires envisagées à l’époque. Quand ce point n’est même plus pris en considération, voire quand la foi va trop loin, c’est forcément bien pire. Je ne pourrais pas développer ici l’exemple de l’église orthodoxe mais Thomas Westbrook a fait un travail très fouillé et très documenté (comme à son habitude) sur le sujet. 


N’évoquons pas les leaders religieux qui appellent à ne pas se mettre en quarantaine mais plutôt se rassembler pour prier...🙄De manière plus large, que dire du maintient de la pratique de la communion ? Là aussi saluons le travail d’Holy Koolaid sur les risques que cette pratique pose dans le contexte sanitaire qui est le nôtre, comme cela ne semble pas évident pour tout le monde (et certainement pas les croyants se considérés par leur foi).


Puisqu’on parle de religion et de santé, même en temps normal, cette dernière a des impacts négatifs :  les retards de traitement sont les mêmes que….je vous le donne en mille…les médecines alternatives (une des manifestations des croyances irrationnelles évoquées plus tôt).

Ah, et je ne résiste pas à l’idée de vous parler de l’exemple de l'efficacité des prières sur la guérison de patients. 


Sélection naturelle (point de vue de la religion)


Mais soyons plus pragmatiques un moment. Qu’est-ce qui peut bien pousser à de tels comportements ? Il y a 15 ans, j’aurais attribué cela à un cynisme profond des autorités religieuses. Même si ma position actuelle n’est pas si différentes, voyons d’autres possibilités. La position la plus bienveillante à l’égard de ces religieux est de considérer qu’ils croient dur comme fer à l’innocuité de leurs comportement, à l’importance du maintient des cérémonies de cultes, et surtout à l’incompréhension du monde extérieur des pouvoirs de la foi. Au risque de me faire taper sur les doigts, j’irais même jusqu’à y voir une dissonance cognitive : après avoir investi autant de sa vie dans un système, il doit être difficile d’admettre que les vertus qu’on lui prêtes ne sont pas au rendez-vous dans un contexte où elle devraient faire la différence. Mais en étant «pragmatique», les organisations religieuses les plus sectaires les plus engagées n’ont d’autre choix que de poursuivre autant que possible leur culte et affirmer le pouvoir protecteur de la foi, car c’est la stratégie gagnante sur le long terme. Il sera facile de faire admettre que ces effets protecteurs se sont manifestés lorsqu’il sera difficile de vérifier le contraire, surtout après avoir tout fait pour dissimuler les infections dans la communauté au moment des faits. Bref quelques morts tout de suite pour plus de croyants plus tard, ça reste une explication cynique. 



Voici une première version du dossier que je voulais vous proposer. J’avais songé à une conclusion autour de l’idée https://www.youtube.com/watch?v=5opz8kvVovsJ’aurais besoin de vos contributions (retours, commentaires, questions) pour compléter cette première version, afin de m’assurer de prendre la bonne direction pour développer davantage ma réflexion. En vous remerciant d’avance, j’attends vos retours avec impatience !


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