mardi 21 février 2023

My Aro-Moment

Avant-propos : l’idée me vient des «Ace Moment» que recherche Swank Ivy pour sa centième « Letter to an Asexual». L’exemple qu’elle donne dans cette vidéo (https://youtu.be/lzeqxf0zI14) est épique. Pour vous dire c’est peut-être même un Ace Moment pour moi, car au fur à mesure qu’elle posait le cadre, j’ai immédiatement imaginé la même suggestion qu’elle a faite, en ne voyant pas «le problème». Ce n’est qu’avec sa description que j’ai pu comprendre pourquoi c’était une mauvaise suggestion et par là même en quoi c’était un parfait Ace-Moment.  

Vu qu’il n’y a pas prescription, je me permettrais d’être vague sur certains aspect de cet aro-moment. Il se trouve que je suis dans de nombreuses communautés. En plus de d’être dans la communauté Ace, et la communauté Aro (qui il faut le reconnaître à mon niveau, s’apparente plus à une sous-communauté Ace qu’une communauté à part entière), je suis également un Wheeler (pratiquant passionné de la gyroroue), Childfree et Carfree. Force est de constater d’ailleurs que j’ai plus de CF-moment que d’Ace-Moment ou d’aromatique-moment mais là n’est pas le sujet du billet de blog.


Dans l’une de ces communautés, j’ai rencontré une certaine Clothilde (prénom changé pour des raisons évidentes d’anonymat, même si ce prénom d’emprunt donne de fortes indications sur son prénom réel pour certaines et certains d’entre vous….). Clothilde est drôle, d’un enthousiasme très communicatif, et d’une collaboration très agréable pour ce que nous essayons d’établir dans cette communauté.


À l’occasion d’un évènement dans cette communauté, j’ai demandé un service à Clothilde. Or Clothilde m’a dit précédemment qu’il était courant de monnayer ce genre de service par un verre. Alors il y a plein d’éléments de contexte qu’il pourrait être important de préciser, mais je n’imaginais pas à quel point la situation était complexe à appréhender de l’extérieur. Alors partons simplement du principe que j’ai retenu que ma dette envers elle était toujours là, même si les occasions de se croiser lors de nos évènements étaient rares.


Si rares qu’un jour où je ne pouvais pas en principe me rendre à l’un de ces évènements, mais je savais qu’elle y était, je me suis rendu tout de même sur place en toute fin de ce dernier, afin de lui offrir un chocolat chaud sur le pouce, mais suffisant pour répondre à ses attentes et honorer ma part du contrat. Qu’elle ne fut pas ma surprise d’apprendre son refus ! 


Pour ce cas précis, il y a trois raisons possibles de ce refus, tout ou parties de ces raisons pouvant être valables. La première est celle qu’elle m’a donné sur le moment, dont il m’est très difficile d’évaluer la plausibilité. La deuxième étant liée à sa personnalité : pour faire simple, si cette pratique existe, elle n’est pas très encline à l’accepter à titre personnel. Mais outre ces deux première explications, la troisième, quoique très spéculative, est la raison d’être de ce billet. J’ai réalisé tardivement (sans doutes plusieurs jours après cette proposition), que compte-tenu du contexte (notamment cette complicité particulière ajouté accessoirement au fait qu’elle ne sait pas que je suis aromantique), cette invitation avait tout d’une invitation à prendre un verre, sous entendu comme dans les séries et dans les films. Une invitation à commencer une potentielle relation amoureuse. Je pense que s’il m’a fallu autant de temps à l’envisager c’est du fait d’a quel point cela me paraissait absurde. Mais avec le recul, le motif donné ne semblait pas faire beaucoup de sens dans sa formulation, et elle aurait sans doute évoqué en rappel la raison liée à sa personnalité sur le moment pour appuyer son refus. Et c’est en repensant à plusieurs éléments de nos interactions précédentes et qui ont suivi que j’ai pu donner du poids à cette troisième hypothèse (même si je dois me méfier d’un évident biais de confirmation). 


Même si c’est une anecdote relativement ardue à partager, je l’ai trouvée quelque part amusante, et j’espère qu’elle vous donne un petit aperçu du monde vu par une personne aromantique. En tout cas j’ai beaucoup aimé cet exercice, au point que j’ai l’intention de pérenniser l’idée de Swank Ivy au sein des communautés Ace et Aro. D’autre part j’ai envie de réitérer l’exercice du billet de blog pour la prochaine ASAW. Rendez-vous dans un an ?

mardi 14 février 2023

Is that Romantic attraction ?

[Je suis asexuel et aromantique et,] si par le passé j’ai eu l’occasion de réaliser des publications pour l’Asexual Awarness Week (désormais connue sous le nom d’Ace Week), je n’ai jamais eu l’occasion de faire quelque chose pour l’Aromantic-Spectrum Awerness Week (ASAW for short). Et bien c’est chose faite cette année avec ce billet et celui prévu la semaine prochaine. 

Ce premier billet va donner des éléments de contexte, avant de vous  partage d’un Aro-Moment, ou limite un Aro-Story si on veut (j’expliquerait ce que c’est dans le billet suivant). Les deux billets sont relativement indépendants, mais ça me paraissait important de préciser pourquoi je partageais cette anecdote sur ce blog abordant de nombreux sujets différents et qu’il ne semble pas arriver comme de nulle part. Pourtant, les éléments personnels que je vais apporter dans ce premier billet vont nuancer (au mieux) ou vous embrouiller (au pire) dans la compréhension de cet aro-moment. Alors admettez pour cette fois que le questionnement de son orientation romantique est un sujet complexe, car rien n’est tout noir ou tout blanc, et qu’il y a de la nuance partout. Et comme Lé de Science4All le répétait à foison, tous les modèles sont faux, mais certains sont utiles.


Je suis un oriented aroace, et le fait d’avoir éprouvé de nombreux et puissants squishes pousseraient* pour dire que je suis plus greyromantic que simplement Aro, mais disons par simplicité (et je développerais pourquoi une autre fois), je préfère me qualifier simplement d’aromatique. Je suis notamment sujet à des attirances esthétiques («prouvées»), et peut-être même émotionnelles (probable) voire sensuel (possibles). Donc oui je suis un «SAMiste» à fond. 


L’acceptation pleine et entière de mon aromantisme a semblé s’accompagner de la fin de toutes les situations que je qualifierais d’ambiguës, celles-là même qui m’ont fait m’imaginer être hétéroromantaque par défaut. C’était très étrange, ce petit côté «prophétie autoréalisatrice», mais ça m’allait très bien dans l’ensemble. J’en profitais même pour éviter cette petite auto-censure dans mes relations car je savais que de mon côté c’était clair et net, je ne cherchais que des relations amicales et rien d’autres. 


Et puis…«c’est» revenu. Entre de nouvelles rencontres, voire d’anciennes rencontres teintées d’un nouveau regard, et ces questions qui sont de retour. La part de «risque de nuance/ambrouille» évoquée plus tôt vient que la personne dont je vous parlerais la semaine prochaine est l’une de ces rencontres. De fait d’expériences passées, et de mes projections concernant ces nouveaux cas, je sais qu’il ne s’agit pas d’attirance romantique. Mais…c’est à peu près tout ce que je sais. Je ne sais pas toujours de quoi il s’agit, je peux y voir une combinaison d’attirances évoquées en introduction, mais le fait que ce n’est jamais très clair, ou que ça ne colle pas toujours quand on creuse un peu. 


Je suis donc partagé entre l’idée de creuser pour comprendre (car j’adore comprendre les choses dans le détail), et celle d’au contraire de me satisfaire d’une compréhension de surface, parcellaire, mais accessible, et d’éviter la frustration de découvrir qu’une compréhension minutieuse est impossible ou à minima demandera un effort d’investigation disproportionné. Quand je me dis qu’une part de mystère est préférable, en fait c’est aussi un moyen de me préserver de l’idée que je ne saurais sans doute jamais le fin mot de l’histoire dans les cas qui me préoccupe.  



Si, en tant qu’alloaro (personne qui n’est pas dans le spectre aromantique), vous ne trouvez rien de particulier dans ce même, je peux vous dire qu’il raisonne particulièrement en moi au point de considérer que c’est le même le plus juste et le plus pertinent pour comprendre une personne aromantique.